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Le grimoire de babayaga
Le temps passa et Baba devenue jeune fille, trouva dans un vieux
grenier, le grimoire* de son arrière-arrière-arrière grand-mère
: Babayaga. Le livre semblait avoir été posé là pour elle.
Mais pour comprendre ce très vieux livre, elle devait apprendre
pendant plusieur longues années ; le russe, le grec, le latin, le
langage des signes* et celui des symboles*. Elle découvrit ainsi
que le lourd poids d'apprendre lui offrait déjà le plaisir de s'envoler
vers la connaissance, une liberté nouvelle qui la rendait très légère.
Elle ne pouvait pas encore comprendre le grimoire mais portait
en elle une sensation nouvelle qui ressemblait à l'envol des oiseaux..
Elle aimait d'ailleurs écouter et observer les oiseaux, y passait
beaucoup de temps mais jamais assez de temps pour elle et compris
que son travail ne serait jamais fini : Et c'est là, justement,
à cet instant magique, en comprenant qu'elle n'aurait jamais fini,
que tout à coup, les mots du grimoire semblèrent résonner avec le
chant de l'oiseau.
Le texte de l'ancêtre Babayaga apprenait à qui veut l'entendre
comment devenir oiseau. La recette est très simple. Elle parle de
graines, de plumes, et de cailloux magiques, ainsi que du jour,
de l'heure et de la nuit. Elle disait clairement comment chercher
les graines dites d'oiseau pour devenir oiseau, les fleurs de plumes
pour les couleurs des ailes et le caillou pour le bec. Sans se poser
de question et sans même hésiter, Baba grimpa sur un nuage, tout
en gardant un fil bien solide vers la terre pour ne pas perdre pied.
Le caillou dans la poche, la plume sur le chapeau, et les graines
dans l'estomac, elle attendit, de la pointe du jour jusqu'au grand
soleil chaud de midi. A l'heure vrai du grand ciel, elle devint
oiseau. Le paysage n'était plus que couleur et Baba, comme Babayaga
l'aurait fait, s'y fondit en un voile de lumière invisible.
Bien sûr elle retourna se coucher le soir, comme le font tous les
soirs les grands comme les enfants, mais ce soir-là, quelque chose
avait changé: Dans les couleurs de la nuit, comme une grande échelle
; un arc en ciel colorait son sommeil et toutes les nuits, tous
les oiseaux chantaient avec elle dans ses prunelles* endormis.
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